Côte Sud des Landes - N°141 - Septembre/Octobre 2017

Hope Team East face au cancer

Le sport permet de mieux vivre son cancer. La championne de paddle board Stéphanie Barneix met son expérience au service des patients pour les aider à lutter contre la maladie.

Ancienne nageuse de haut niveau, c’est dans le sauvetage côtier que Stéphanie Barneix s’est particulièrement illustrée. Licenciée du club d’Hossegor de 1994 à 2003 puis de celui de Capbreton à partir de 2004, elle a enchaîné les titres. Multiple championne de France, championne d’Europe de relais sprint en 1999, championne du monde dans la même discipline l’année suivante, championne d’Europe de planche en 2001, elle devient en 2003 la seule Européenne à participer en paddle board longue distance à la mythique course d’Hawaii en solitaire, «la Molokai» (54 km), course qu’elle remportera en équipe mixte en 2004 et 2006. Prête à relever les défis les plus fous, elle boucle avec ses amies Flora Manciet et Alexandra Lux la traversée de l’Atlantique en paddle board (5 000 km en 54 jours) en 2009 (JdP n° 88 à 94), avant de relier le Cap Horn à l’Antarctique, toujours en paddle board, avec Itziar Abascal et Alexandra Lux en 2015 (JdP n° 120 à 126).

Devant un tel palmarès, on se dit qu’il y a vraiment des gens à qui tout sourit. Et pourtant… Au cours de sa carrière, l’athlète a dû faire face à trois cancers ! «Le premier s’est déclaré en 2004 et j’ai décidé d’aborder la maladie comme le sport de haut niveau, raconte-t-elle. Cela m’a beaucoup aidé. J’ai immédiatement été en pleine confiance avec le personnel soignant, comme avec un coach, et j’ai planifié mon traitement comme une saison sportive. Nous les sportifs de haut niveau, nous avons horreur de l’inconnu, alors j’avais besoin de tout maîtriser. Il m’a fallu une vision globale de l’ensemble de mes traitements pour évaluer toutes les situations auxquelles j’étais susceptible de devoir faire face et ainsi pouvoir m’adapter en permanence. Quand ça n’allait pas, j’avais recours à des images ressources comme je le fais en compétition. Et surtout, j’ai considéré la maladie comme une simple étape en me fixant des objectifs derrière.» En 2006, alors que ses cheveux commencent à peine à repousser sous le bonnet de bain, elle s’aligne ainsi aux championnats du monde… Se fixer des objectifs, Stéphanie Barneix l’a fait à chaque nouveau diagnostic. «La traversée de l’Atlantique en paddle, ça a été une arme thérapeutique !»

Des bénéfices sur la santé

En rencontrant la sportive lors de la préparation du défi autour du Cap Horn, Alexandra Le Mouël, chef de projet de l’expédition, est interpellée par sa façon de penser. «Elle m’a dit que le sport l’avait aidée pour vaincre la maladie, mais que la maladie lui avait offert une chance de se dépasser. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée de monter une association pour aider les malades à mieux vivre leur cancer grâce aux techniques du sport de haut niveau.» Une association au nom évocateur : «Hope Team East».

De nombreuses études le prouvent. Pratiquer une activité sportive durant et après un cancer a des bénéfices sur la santé : réduction de la fatigue chronique, redécouverte de son corps, renforcement musculaire, diminution des effets secondaires des traitements, restauration de l’estime de soi, lutte contre l’isolement, la fatigue et la dépression et, dans certains cas, diminution des risques de rechute. Et pas besoin pour autant de battre des records. «Stéphanie a une force morale et physique exceptionnelles et il y a peu de chance que je recroise une patiente comme elle, reconnaît Patrick Joyeux, chirurgien cancérologue en gynécologie à la clinique Belharra de Bayonne. Quand je lui demandais comment elle supportait les effets de la chimiothérapie, elle me répondait que ce n’était rien comparé à certaines épreuves ! Le sport l’a beaucoup aidée et même à un niveau bien moins intense, il peut aider de nombreuses patientes. Pratiquer une activité sportive et avoir une alimentation équilibrée permet de ne pas prendre de poids pendant les traitements et de diminuer les risques de rechute.»

Projet de recherche scientifique

Reste que confrontés à la maladie, beaucoup de patients perdent toute motivation. «Même pour des gens qui sont sportifs, dès l’annonce du diagnostic, la sédentarité se remet en place», remarque Manon Cavalerie, psychologue-clinicienne, auteure d’un mémoire sur activité physique et cancer du sein à l’hôpital de Dax. Pour les pousser à enfiler leurs baskets, Hope Team East se propose de leur apporter un coaching personnalisé, à la fois sportif et mental. 

Gratuit pour les patients et à proximité de leur domicile, le programme propose à chaque malade de se fixer un défi sportif en fonction de ses capacités, avec le soutien et l’aval du corps médical. «Ce peut être n’importe quoi, reprend Stéphanie Barneix, apprendre à tenir sur une planche de surf, courir 10 km, faire une randonnée en montagne…» Pendant 9 à 10 mois, les patients bénéficieront d’un suivi sportif personnalisé, encadré par des brevets d’Etat. Tous les deux mois, des journées «optimistes» rassembleront l’ensemble des bénéficiaires pour des rencontres placées sous le signe du sport, du bien-être, de la nutrition, de la découverte et du partage. A l’issue du programme, chaque patient sera invité à relever son challenge.

Expérimentale, la première promotion accueillera à partir de l’automne environ 45 femmes suivies pour un cancer du sein sur le territoire Landes-Pays basque. «Notre volonté à terme est d’étendre le programme à tout type de cancer et de patient, mais cette année, nous couplons le programme à un projet de recherche scientifique», explique Alexandra Le Mouël. Sandra Joffroy et Sophie Garnier, toutes deux maîtres de conférences à l’université Paul-Sabatier de Toulouse, vont en effet comparer deux programmes d’activités physiques et sportives sur la santé physique et mentale de femmes suivies pour un cancer du sein. Une partie des patientes suivront un programme sport, la seconde un programme sport et mental. L’objectif est de démontrer qu’un accompagnement complet, tel que celui que reçoivent les sportifs de haut niveau, est d’autant plus bénéfique aux malades. La création d’un guide d’informations «Sport et mental» à destination des patients suivis pour un cancer est d’ailleurs prévue pour 2018.

En photo : Alexandra Le Mouël (à gauche) et Stéphanie Barneix proposent un programme sport et mental aux patients atteints d’un cancer.


Soutenir l’association

A part l’adhésion à l’association Hope Team East (25 €) et à l’Association sportive et culturelle de France (19,50 €), le programme sport et mental sera entièrement gratuit pour les patients qui en bénéficieront. Pour financer leur suivi, Hope Team East peut compter sur des partenaires très impliqués : la Région Nouvelle-Aquitaine, le Centre national pour le développement du sport, l’Agence régionale de santé, la Ligue contre le cancer, le CERS et le Baya de Capbreton. Mais elle recherche toujours de nouveaux mécènes ainsi que des bénévoles. Elle souhaite notamment des personnes capables de partager des moments conviviaux ensemble, d’apporter un soutien administratif, de mettre en place des actions de communication, de participer à l’organisation de ses événements et de faire le lien avec les structures médicosociales et les acteurs partenaires de son projet.

Renseignements : www.hopeteameast.com

 

 

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