Seignosse - N°107 - Janvier/Février 2012

Au revoir Monsieur le maire

 

Ladislas de Hoyos est décédé dans l'après-midi du jeudi 8 décembre à son domicile seignossais, des suites d'un cancer diagnostiqué deux ans plus tôt.

Drapeaux en berne sur le fronton de la mairie, dispositif policier pour réguler la circulation aux abords de l'église. Famille, amis, élus, anonymes, le mardi 13 décembre, plus de 500 personnes sont venues rendre un dernier hommage au maire de la commune, Ladislas de Hoyos, décédé cinq jours plus tôt, emporté par le cancer contre lequel il se battait depuis deux ans.

L'église Saint-André, qu'il avait largement contribué à rénover dès 2004, était bien trop petite pour accueillir la foule attristée. Bien avant 14h30, heure à laquelle était fixé le début des obsèques, l'édifice religieux était déjà comble. Même les bancs installés à l'extérieur n'ont pas permis à tout le monde de trouver une place assise. Plus d'une centaine de personnes ont donc assisté à la cérémonie debout, dans le cimetière jouxtant l'église. Des haut-parleurs installés par la municipalité leur ont permis de suivre la messe pendant près d'une heure et demie.

C'est au son du Requiem de Mozart «Lacrimosa» que le cercueil a fait son entrée dans l'église, suivi par les proches du défunt. Accompagné du père Eric Lestage, ancien curé de la commune, le père José Salsamendi a présidé une cérémonie empreinte d'émotion.

Emotion d'abord quand l'homme d'église a rappelé à son auditoire les mots prononcés par Ladislas de Hoyos lors de son avant-dernière apparition publique. C'était en août dernier, à l'occasion du repas de fin de saison. Le maire se savait condamné quand il s'est adressé au personnel communal et aux acteurs associatifs. «Sans vous, rien ne serait possible et Seignosse ne serait pas la ville formidable qu'elle est. Je vous aime tous et n'oubliez jamais à quel point la vie est belle.»

Emotion aussi au travers des discours de ceux qui l'ont côtoyé dans son action au service de la commune et de la Côte sud : son homologue de Capbreton, Jean-Pierre Dufau, ou sa première adjointe Marie-Christine Maisonnave, qui, des larmes plein la voix, a rendu hommage à un ami plus qu'à un simple élu.

Emotion enfin, lors des interventions de ses deux filles. Amélie a lu la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens, un texte d'espoir sur la résurrection. Charlotte, elle, a rappelé le parcours de son père, «un homme généreux, au caractère bien trempé, curieux du monde et des peuples». En l'honneur de celui qui était aussi un mélomane, elle a surmonté un moment son immense chagrin pour interpréter le titre de la chanteuse Adèle, Turning tables.

C'est ensuite dans la plus stricte intimité que Ladislas de Hoyos a été inhumé dans la partie neuve du cimetière.


 

Un parcours atypique

Né le 27 mars 1939 en Belgique, Ladislas de Hoyos a débuté sa carrière de journaliste à France-Soir en 1960. D'abord chargé des faits divers, il devient ensuite grand reporter, spécialiste des Amériques du Nord et du Sud. En 1971, il quitte la presse écrite pour rejoindre l'ORTF en tant que spécialiste des correspondances à l'étranger. C'est l'année suivante qu'il devient le premier journaliste à retrouver et à interviewer en Bolivie le chef de la gestapo de Lyon, Klaus Barbie, contribuant ainsi à son arrestation. En 1987, il suivra l'intégralité de son procès pour crime contre l'humanité. Au début des années 1990, Ladislas de Hoyos a également été le présentateur du journal télévisé de TF1, s'invitant ainsi dans chaque foyer pour le 20h. Contraint de laisser sa place à Claire Chazal, il rejoint Antenne 2 puis France Inter avant de prendre sa retraite.

Passionné de golf, c'est à Seignosse qu'il décide alors de poser ses valises pour profiter de son célèbre green. C'est là qu'en 2000 des inconnus viennent lui proposer de devenir la tête d'une liste apolitique pour les élections municipales de l'année suivante. D'abord étonné, il se laisse convaincre et devient maire de la commune en 2001. Les premières années, l'exercice lui paraît difficile. Habitué à l'immédiateté que réclame son ancienne profession, il s'agace des «lenteurs administratives» qui ralentissent les projets que porte la municipalité. Mais, passionné par les contacts qu'il noue avec les élus et ses administrés, il finit par se faire à la fonction et est réélu en 2008. Preuve de son engagement total au service de la commune, il assumera ses fonctions jusqu'au bout. Lors de notre numéro spécial interview des maires à mi-mandat (JdP n° 102), nous n'avions ainsi pas pu le rencontrer physiquement, mais c'est par mail, entre deux séances de chimiothérapie à l'hôpital de Bordeaux, qu'il avait répondu à nos questions...


 

Un hommage unanime

Quoi qu'on ait pu penser de l'action de Ladislas de Hoyos au sein de sa commune, l'homme ne laissait jamais indifférent. Sa personnalité, drôle et attachante, séduisait tous ceux qui l'approchaient.

Eric Kerrouche, président de MACS «Sa mort laisse un manque. C'était quelqu'un à part dans sa personnalité et dans ce qu'il était. On sentira la différence au sein du conseil communautaire.»

Jean-Pierre Dufau, député-maire de Capbreton «J'éprouve une profonde tristesse. C'était un ami. C'était aussi un Monsieur. Sa vie professionnelle et son engagement en témoignent. Il avait le bien public toujours présent à l'esprit, soit quand il analysait, soit quand il agissait. C'était un homme simple, plus sensible et plus fragile que ne le laissaient penser son allure et sa prestance. Son esprit et son humour faisaient merveille. Ils lui permettaient de briller, mais aussi de surfer sur les thèmes qu'il évoquait en lui évitant de livrer en profondeur ce qu'il ressentait. Cela lui servait un peu de carapace. Quand on avait la possibilité de percer cette carapace, on rencontrait un être très profond, très riche de ses analyses, un humaniste pudique et c'est pour cela qu'on l'aimait. On l'aimait déjà pour ce qu'il paraissait. On l'aimait d'avantage pour ce qu'il était.»

Xavier Soubestre, maire de Soorts-Hossegor «Je ressens beaucoup de tristesse dans la mesure où c’était un ami avant d’être un collègue. Son dévouement pour sa commune d’adoption a été exemplaire jusqu’à la fin. Je garde le souvenir d’un homme d’esprit, pince-sans-rire, à l’écoute de tous. Une qualité qui restera pour ses collègues et moi-même un trait majeur de sa personnalité.»

Marie-Christine Maisonnave, maire de Seignosse par intérim «Je retiens beaucoup de choses de Ladislas. Il était très cultivé, très attachant, et avait beaucoup d'humour. Pour lui, la commune a été un véritable coup de cœur. Un coup de foudre. Il s'est impliqué complètement dans ce village, à notre grande surprise parce qu'on avait été le chercher. Il aimait avant tout les personnes. Il savait dialoguer, écouter. Si on regarde les nombreux témoignages reçus en mairie, la plupart des administrés retiennent cela. Il avait une aura. Il laissera forcément des traces et a d'ores et déjà acquis une belle place dans l'histoire de Seignosse.»

Pierre Froustey, maire de Vieux-Boucau «C'est quelqu'un que j'ai connu avant d'être maire et pour lequel j'éprouvais une profonde amitié. C'était une très forte personnalité. Il était original et atypique, créatif et cultivé. Il apportait beaucoup à Seignosse et à son environnement.»

Hervé Bouyrie, maire de Messanges «Je suis très affecté par sa disparition. Je travaillais avec lui sur le SIVU (Syndicat intercommunal à vocation unique) des baignades. C'était mon premier vice-président et on échangeait régulièrement sur le sujet. C'était une personne que j'aimais beaucoup et qui faisait preuve d'une grande modestie malgré son passé. Il apportait beaucoup d'humour et c'était très agréable.»

Anne-Marie Cancouët, maire de Moliets-et-Maâ «On a perdu un homme de très grande valeur, charmant, toujours très agréable, aimable et avec beaucoup d'humour. Il savait tout faire. Je me souviens d'une cérémonie de vœux durant laquelle il était allé jouer avec l'orchestre que nous avions invité. J'éprouve énormément de peine. Il va nous manquer.»

Alain Le Foll, président de l'association Seignosse Océan «Il aimait le contact avec les adhérents de notre association, et il venait à chacune de nos assemblées. Au début de son premier mandat, nous avions volontairement omis, une fois, de l'inviter car nous avions eu un petit problème organisationnel avec lui l'année précédente qui avait bouleversé notre ordre du jour. Plus tard il m'avait dit avec sincérité : "Je suis vexé car pour moi venir à votre assemblée est une tradition". Message reçu.
Nous étions quelquefois en désaccord avec sa politique du fait du caractère revendicatif de notre association, mais il est toujours resté à l'écoute, avec civilité et jamais le contact n'a été rompu entre nous.»


 

L'après De Hoyos : des élections les 5 et 12 février

Depuis le 9 décembre, la première adjointe Marie-Christine Maisonnave a endossé le rôle de maire par intérim. «Avec le conseil municipal, nous traitons toutes les affaires courantes. Comme Ladislas était alité depuis plusieurs mois, et bien que nous l'informions de tout et continuions à solliciter son avis, nous avons pris l'habitude de travailler sans lui en mairie... Mais en attendant les élections, je ne prendrai pas de décision importante.»

Pour que le conseil municipal puisse élire un nouveau maire, il a besoin d'être complété. Outre le siège désormais vacant de Ladislas de Hoyos, deux autres places sont inoccupées : celles laissées libres par les démissions de Christine Guionnet et Dorothée Cambon en avril 2010. Des élections complémentaires auront donc lieu le 5 février, suivi d'un deuxième tour le 12 février si besoin. Les Seignossais seront appelés à se prononcer sur des listes de trois noms, avec panachage possible. A l'heure actuelle, aucun candidat ne s'est encore fait connaître, mais les rumeurs évoquent la possibilité de quatre ou cinq listes en présence...

 

 

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